Traduction de site web : notre guide pour faire bien et vite
Comprendre les enjeux de la traduction de sites web multilingues
Cela fait déjà quelques années que l’on voit la production de contenus web gagner en volume rapidement. Toujours plus créatifs et variés ainsi que sous plusieurs formats : sites web plus sophistiqués et approfondis, blogs, utilisation des réseaux sociaux, audiovisuel, etc. Autant de pratiques qui créent avec elles des défis pour la gestion des traductions de vos contenus.
Parce que oui, si vous êtes ici, c’est que vous faites probablement partie de celles et ceux qui ont finalement choisi de miser sur la traduction pour vous rapprocher de vos audiences et de vos clients à l’international. Plus encore, vous avez peut-être déjà un site bilingue anglais, mais vous souhaitez franchir l’étape du multilingue.
Pour gagner en présence et en pertinence sur vos marchés cibles, il importe fortement de s’adapter aux langues locales de ces marchés cibles. Dépasser l’anglais est devenu une nécessité lorsque l’on sait que 75% des consommateurs (CSA Research) privilégient d’acheter à partir d’un site qui contient des informations dans leur langue. Mais il y a de nombreux écueils à éviter, car la traduction de site web multilingue n’est pas aussi simple qu’on le pense et les étapes de mise en œuvre sont critiques !
Alors justement, dans cet article, vous trouverez toutes nos recommandations pour mener à bien la traduction de votre site.
L’outil n°1 : La Checklist, pour bien vous préparer
Avant tout, munissez-vous de votre meilleur bloc-notes, car voici une checklist des points clés de la traduction que nous vous conseillons (fortement) d’appliquer. Ces éléments sont indispensables dès les débuts – et tout au long – de votre projet de traduction de site web.
D’abord, vous devez :
- Concevoir la traduction et ses évolutions dans la durée et pas seulement la traduction initiale (nous y reviendrons plus tard).
- Choisir votre technique : automatique, humaine, hybride.
- Si vous utilisez un CMS, choisir et utiliser les bons connecteurs et les bons gestionnaires multilingues.
- Planifier la traduction une fois que vos textes dans la langue source sont bien définis.
Puis :
- Prendre en compte la culture de l’audience visée et donc « localiser ». Clairement, on ne traduit pas exactement de la même façon en néerlandais et en flamand, même si ces langues sont proches. De même, pour l’anglais UK-US. En plus, les formats sont également différents.
- Apporter une grande attention au SEO, au référencement dans les langues cibles.
- Ne pas sous-estimer les délais ; traduire du volume peut prendre du temps.
- Mettre en place une gestion de projet solide (nous vous expliquerons pourquoi).
Et bien sûr :
- Collaborer avec les bons traducteurs.
Hiérarchiser pour mieux régner : IA ? Traducteur humain ? Approche hybride ?
Le moyen le plus rapide pour traduire votre site web, c’est d’utiliser l’IA. De nombreuses solutions sont disponibles et vous incitent à le réaliser en quelques minutes. Mais voilà, autant cela a l’air simple, autant cela peut être improductif.
Si vous avez quelques pages, et que vous maîtrisez parfaitement la langue cible, vous pouvez utiliser les moteurs de traduction gratuits (comme Google Translate, ou DeepL, Reverso…), réaliser des copier-coller, adapter et corriger vous-même les traductions et disposer ainsi des pages traduites. En revanche, si vous en avez plusieurs dizaines, en plusieurs langues que vous ne connaissez pas, cela peut vite entraîner de longues heures de travail supplémentaires. Avec en plus, des erreurs et surtout de mauvaises traductions qui nuisent à votre image auprès des cibles que, justement, vous cherchiez à convaincre.
Malgré la tentation des solutions automatiques, nous avons la conviction qu’il faut allier les bons outils de gestion de sites multilingues, la traduction humaine et l’IA dans une approche hybride et hiérarchisée, plus particulièrement en fonction du niveau d’importance des contenus de votre site.
Hiérarchisez le contenu de votre site en 3 catégories et appliquez un niveau de traduction adapté à chacune:
1. Le contenu principal : incontournable, ce sont toutes les pages à fort taux de conversion, celles qui ont le plus de trafic comme la homepage, une landing page à fort enjeu commercial, les interfaces utilisateurs, les présentations commerciales et marketing ou encore les documents réglementaires. La solution : Ces pages doivent absolument faire l’objet d’une traduction précise. Nous recommandons qu’elles soient systématiquement réalisées par des traducteurs natifs professionnels, avec une révision réalisée elle aussi par des linguistes.
2. Le contenu secondaire : toutes les pages pour lesquelles l’enjeu de trafic et de performance web est plus réduit. Les traductions doivent être correctes, mais peuvent avoir des incohérences stylistiques (comme lorsque l’on traduit littéralement des expressions idiomatiques du français vers l’anglais). La solution : Ces textes peuvent être traduits en utilisant la traduction automatique comme base, avec une révision (post-édition) rapide, mais qualifiée, par un traducteur expérimenté et natif.
3. Le contenu « volume » : sans enjeu immédiat, mais primordial pour le référencement Google. Souvent il s’agit des textes présents pour répondre aux recherches de longue traîne. La solution : Ceci peut être confié à la traduction automatique. L’intervention humaine sera cependant nécessaire pour la sélection, la mise en œuvre et aux réglages des moteurs de traduction en utilisant vos terminologies, vos glossaires et vos mémoires de traduction si vous en avez. Ainsi, ces pages traduites conserveront une lisibilité satisfaisante pour les personnes qui les consultent.
L'IA comme outil d’appui
Attention, en utilisant l’IA comme ChatGPT, Google Translate, DeepL, vous n’aurez aucune garantie concernant la qualité de la traduction. Le risque réside dans la présence de contresens dans le texte doublé d’un manque cruel d’adaptation au contexte des pays où vous vous établissez, créant ainsi des pages avec peu de valeur.
Exactement ce que vous ne voulez pas !
Voici quelques exemples que l’on a pu voir sur des sites entièrement traduits par IA (ici, Google Translate) :
On peut voir que la politique de confidentialité d’un site (privacy en anglais) devient “intimité” en français, que les ‘cookies’ sont apparemment des “galletas” en espagnol et bien sûr des biscuits en français, ou que le starter souvent utilisé de pair avec “pack” pour votre offre commerciale de base devient une “entrée” en italien… Des erreurs comme celles-ci, nous en voyons dans toutes les langues, l’allemand n’y échappe pas bien qu’elle soit assez proche de l’anglais.
Nous le savons et il est important de le rappeler… Même si vous pouvez être tenté de réduire vos dépenses marketing en utilisant des moteurs traduction automatique en ligne ou des outils plug-ins qui traduiront directement la totalité de votre site web, l’expérience montre que ces solutions IA ne procurent pas souvent un résultat satisfaisant. Elles sont contre-productives, d’autant plus sur des pages à fort taux de conversion ! Vous aurez certes un grand volume traduit, mais avec peu de pertinence.
Pire, vous risquez de perdre gros : une erreur de traduction pourrait porter préjudice à votre marque et vous faire perdre beaucoup de clients. Les exemples sont nombreux et souvent cocasses. Rien ne remplace les qualités rédactionnelles et idiomatiques d’un traducteur humain.
Construire la traduction dans la durée
Maintenant, référez-vous au tout premier point de votre checklist. Oui : celui où nous vous conseillons de concevoir la traduction ainsi que ses évolutions dans la durée et pas seulement la traduction initiale.
Nos 3 catégories représentent la stratégie de traduction initiale qui, selon nous, est la plus efficace puisqu’elle permet de s’adapter à vos besoins ainsi qu’à votre budget. Il est vrai que les budgets de traduction peuvent être très importants, d’autant plus qu’on est tentés d’augmenter la profondeur du site internet et le volume publié pour améliorer le référencement ou s’adapter finement à chaque segment client. Et cela augmente encore plus si vous démultipliez les langues. Alors, il est possible de répartir vos dépenses de traduction dans les temps.
Une fois que vous aurez retenu cette approche à 3 niveaux, vous pourrez faire évoluer la traduction de votre site. C’est là qu’intervient notre conseil de concevoir dans la durée.
Les contenus secondaires et de « volume » peuvent faire l’objet d’améliorations à postériori, par des révisions qui seront réalisées par des traducteurs professionnels et natifs, et qui en amélioreront la qualité.
Une petite astuce, aussi, lorsque vous planifiez l’arborescence : si vous créez votre site internet en utilisant un visual website planner comme Octopus, qui définit vos wireframes, vous pouvez construire l’arborescence de votre site et en même temps cette hiérarchie des traductions. Octopus permet d’utiliser des codes couleurs pour mieux visualiser quelles seront vos pages premiums, secondaires et de volumes. Parfait pour anticiper l’évolution de vos traductions !
Tout va bien jusqu’ici… ?
Parce qu’il est temps d’aborder les points les plus techniques de la traduction de site web !
Bien connaître les techniques de traduction d’un site internet
01
Le site web de quelques pages
Pour traduire un site de quelques pages, il ne faut pas chercher une méthode compliquée ou trop automatisée. Une fois que vous avez écrit ou même déjà publié votre site dans la langue source, vous pouvez dupliquer les pages dans la langue cible, puis remplacer les textes sources par les traductions. La plupart du temps, il vous sera même plus simple de travailler dans un éditeur de texte avant de les réintégrer.
Si vous ne maîtrisez pas la langue cible, vous pouvez faire appel à un ou des traducteurs natifs ou à une agence de traduction en leur fournissant les fichiers sous format texte, avant de les réintégrer en vous assurant que les pages sont correctement liées entre elles.
02
Le site internet développé avec un CMS
La majorité des sites sont développés en se reposant sur des CMS (Content Management Systems) qui permettent d’organiser les contenus en « blocs » et d’améliorer la présentation tout en gérant aussi le SEO, et les publications complémentaires. Le CMS le plus connu est bien entendu WordPress. Mais d’autres CMS progressent régulièrement.
WordPress n’est pas conçu au départ pour gérer les langues. Il n’intègre pas directement la gestion de la duplication des pages multilingues et de la traduction des textes. Il faut donc sélectionner une extension qui permettra cette gestion des contenus multilingues, et l’organisation de la traduction. Cette sélection doit être faite avec soin, car elle vous permettra d’économiser beaucoup de temps, ou d’en perdre beaucoup.
Les extensions les plus connues pour WordPress sont Polylang et WPML. Notre recommandation est d’utiliser WPML (WordPress Multi Language), qui a de nombreux avantages.
Il permet de créer facilement les gabarits de pages à traduire, les sélecteurs de langue et de gérer les mises en traduction et la traduction des métadonnées. Surtout, il permet d’utiliser très facilement les outils de traduction professionnels et de collaborer avec les agences de traduction. En l’utilisant, on intègre dans l’organisation de la traduction les meilleures pratiques, qui vous permettent de capitaliser toutes les traductions déjà réalisées. Ainsi, vous optimiserez les traductions dans tout votre site web, et surtout vous faciliterez les mises à jour.
Attention : même si WPML offre beaucoup de ressources en ligne, il est recommandé de confier le paramétrage initial à des personnes expérimentées afin de n’ignorer aucun texte ou chaîne à traduire (par exemple les métadonnées et les boutons) et s’assurer les paramètres sont compatibles avec tous les navigateurs (Chrome, Safari, Firefox, Edge). La version de WordPress que vous utilisez doit aussi être prise en compte.
03
CMS + intégration catalogue produit multilingue
De plus en plus, les sites web B2B intègrent des catalogues produits complets, sans nécessairement intégrer une partie e-commerce. La traduction juste de ces catalogues produits est primordiale. La partie catalogue de ces sites web est gérée par des PIMS (Product Information Management Systems) adaptés.
Pour traduire ces catalogues produits, il s’agit alors de gérer la traduction à partir des PIMS en les connectant aux outils de gestion de traduction, ou en exportant/important les fichiers structurés de produits à traduire. La configuration précise et l’exploitation des outils de traduction assurent que les traductions soient homogènes et cohérentes, car bien souvent les dénominations de produits se ressemblent. Il s’agit aussi d’éviter les erreurs numériques en utilisant des outils adaptés de contrôle qualité.
Au-delà des fiches produits, la partie CMS et la traduction des éléments rédactionnels sont réalisées comme décrit ci-dessus.
04
Le site e-commerce
La plupart des sites e-commerce reposent sur des outils nativement multilingues comme Prestashop ou Shopify.
Dans ce cas, l’enjeu est de traduire séparément les contenus rédactionnels, mais aussi les fiches produits. Il s’agit aussi d’adapter les interfaces pré-traduites de ces outils multilingues.
Shopify, par exemple, avec Shopify Markets, propose des solutions de localisation des e-shops clé en main. Les interfaces sont localisées automatiquement et à la demande (mesures, monnaies, canaux de conversion). Cependant, les contenus propres à votre marque, vos produits et votre e-shop doivent être traduits et adaptés. Pour ces éléments, la solution la plus simple est de les exporter au format CSV, puis de les réimporter une fois traduits.
Comme pour la traduction des catalogues multilingues, la traduction des fiches produits d’un e-shop bénéficiera fortement de la mise en œuvre des outils métier de traduction si vous confiez ces traductions à une agence spécialisée. Ces outils permettent la réutilisation systématique des traductions validées et vous font gagner sur tous les plans : coût, rapidité, cohérence.
Bien collaborer avec vos développeurs web et votre agence digitale
La relation avec vos partenaires
Si vous avez confié le développement de votre site à une agence digitale, elle doit bien comprendre comment va être traduit le site internet, et quels sont les outils et les technologies qui vont être utilisés dans ce but. S’il n’y a pas une bonne évaluation technique et une bonne coordination dès le départ, il y a un risque que la gestion de la traduction se complexifie. Allongeant les délais et le budget.
Ensemble, il s’agira d’organiser et planifier la production du site et sa traduction (localisation) en fonction de solutions spécifiques prenant en compte : les objectifs, le niveau de qualité des traductions attendues, les techniques de création, de traduction et d’entretien du site, le calendrier opérationnel ainsi que le suivi de la production et des performances SEO dans toutes les langues (par la recherche et l’adaptation des mots-clés depuis la langue source à la langue cible).
Travailler avec une agence de traduction professionnelle vous permet d’abord de bénéficier d’une gestion de projet qualitative tout en ayant des interlocuteurs experts dans ce champ et qui maîtrisent vos domaines d’activité. Puis, cela permet de faciliter la traduction dans la durée grâce à la création et à l’exploitation de mémoires de traduction.
Prévoir comment va être gérée la traduction permet donc de maîtriser sa mise en œuvre ainsi que de tenir au mieux votre budget et vos deadlines. En particulier si vous avez un contenu très développé, le niveau de qualité de la traduction sera différencié selon les pages.
En parlant des deadlines…
Votre calendrier
Bien que la traduction arrive à la fin de votre projet de création de site web, il faut l’anticiper, y apporter beaucoup d’attention mais aussi considérer les temps de réalisation.
Alors, un des points critiques de cette gestion de projet est le maintien non négociable du calendrier établi, prédéfini entre les parties. Les temps de traduction sont incompressibles et il faut bien les prendre en compte en fonction de la date de mise en ligne que vous avez prévue. Passer du temps sur les moyens de mise en œuvre permettra d’éviter les mauvais choix techniques de dernières minutes, pris à la hâte.
Au moment de définir la stratégie, il peut être tentant de reporter la planification de certaines traductions, qui apparaissent moins importantes. Seulement, sachez que des oublis de traduction qu’il faut reprendre à postériori sont souvent la cause de perte de temps et d’argent : perte de temps pour les agences et d’argent pour vous, car des allers-retours constants allongent les temps de travail et avec eux, les coûts de gestion de projet. Ils perturbent la mise en ligne de votre site web et de son contenu traduit.
S’il n’y a pas une bonne analyse du besoin à la racine du projet ainsi qu’un mauvais paramétrage, alors le risque de rater du contenu devient important.